Contexte

Nous avions prévu une séance de discussion, au Palais des Académies, lundi 16 avril 2018, sur le thème « Les publications scientifiques doivent-elles être gratuites ? ».

Malheureusement, les responsables du Palais des Académies nous ont signalé que, contrairement à ce qui avait été prévu, ils ne pourraient pas mettre, ce jour-là, de salle à notre disposition. Nous nous voyons donc contraints de repousser cette réunion à une date ultérieure et vous prions de bien vouloir nous en excuser.

Le projet de Décret Open Access actuellement en discussion au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles vise à instaurer un régime de dépôt obligatoire des articles des chercheurs de la Communauté française, et de diffusion gratuite de ces textes très rapidement après leur première publication, dans l’espoir d’en améliorer la circulation et la visibilité.

Cette mesure, dont un des objectifs secondaires consiste à peser sur le prix des abonnements, n’impactera sans doute que faiblement les publications internationales dont la part d’auteurs belges francophones est faible. Par contre, elle risque de déstabiliser gravement l’économie des publications scientifiques comptant un nombre important d’auteurs belges francophones, notamment en droit et en sciences humaines et sociales. Et pourtant en ces domaines, l’équilibre économique des publications scientifiques est de plus en plus fragile.

Les objectifs des promoteurs de ce projet de décret sont en partie compréhensibles, notamment s’il s’agit d’améliorer les conditions d’accès aux résultats des travaux de recherche. L’action quotidienne des revues et des éditeurs s’inscrit d’ailleurs exactement en ce sens : participer au développement d’une science aussi riche et aussi diverse que possible.

Mais chacun comprendra qu’éditer des textes scientifiques ne se limite pas à diffuser des PDF sur Internet. Editer des textes scientifiques demande de les sélectionner, de les améliorer et de les valider via des échanges réguliers avec les auteurs, de concevoir des dossiers et des numéros thématiques, de corriger les épreuves et de les mettre en forme, de les imprimer, de les diffuser et/ou d’en assurer la « mise en ligne » sur des plateformes à haute valeur ajoutée. Autant d’activités et de services à la communauté et au public qui ont un coût, et qu’il est donc nécessaire de pouvoir financer au risque de ne plus pouvoir distinguer les œuvres du vrac.

D’autres États – le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suisse – avancent progressivement dans la direction de l’Open Science, mais ils le font en ayant créé au préalable les conditions d’un dialogue équilibré entre les différents acteurs, et en ayant dégagé les moyens financiers nécessaires au financement « en amont » (sous forme de subventions ou sous d’autres modèles) des publications scientifiques, en contrepartie de leur diffusion gratuite sur Internet. Force est de constater que, malheureusement, cela est loin d’être le cas en Fédération Wallonie-Bruxelles.